Capr’Infos

Editorial du dernier numéro
Janvier 2023 "Les attentes sociétales"

Dans une société qui veut comprendre il faut expliquer et être transparent. « Do quoué ? do attentes sociétales ? Mé qui qu’el voulont savouèr les citadins ? Déjà que la nourriture est pas chère et abondante. Il z’ont qu’à y venir besogner dans nos fermes, c’est un métier dur ! Ils se rendent pas compte. Après la guerre on mangeait pas tous les jours à not faim ». Ça c’est Louis, le grand-père de mon voisin : le bon sens paysan. De là démarre l’idée du thème
de ce nouveau numéro de Capr’infos sur les fameuses « attentes sociétales » !

Quoi qu’en pense grand-père, la France a changé. La part des actifs agricoles a
fortement diminué au fil des ans, passant de 31 % en 1950 à 2,5 % en 2020. Le nombre de fermes est passé de 2,28 millions à 390 000, et celles qui sont restées se sont bien agrandies. L’élevage a connu au cours du siècle dernier des évolutions structurelles et fonctionnelles importantes : le cheptel s’est concentré dans des bassins de production ; les élevages se sont développés, spécialisés et mécanisés. Cette évolution a forcément généré une distanciation entre le monde paysan et le reste de la société, ruraux compris. Depuis quelques décennies, on voit progresser les sujets sur l’environnement, le sanitaire, le bien-être animal ou les conditions d’élevages.

Sur son site internet, l’ANICAP détaille son plan de filière rédigé à la suite des Etats Généraux de l’Alimentation (EGA) de 2017. La filière s’est notamment fixée des objectifs de prise en compte de ces attentes sociétales tant sur le plan de la préservation de l’environnement, que sur celui de l’amélioration continue de la qualité sanitaire des produits et du bien-être animal, en s’appuyant sur le Référentiel de Responsabilité Sociétale et Environnementale (RSE) (Cf. détail sur https://anicap.org/actions/plan-de-la-filiere-caprinefrancaise-2018-2022). Pour les citoyens, le bien-être animal semble se résumer à l’accès au pâturage des animaux et à l’absence de douleur des animaux. Alors discutons-en !

Finalement, « et si les attentes sociétales étaient une chance pour les éleveurs ? » s’interroge Véronique PARDO, anthropologue et responsable de l’Observatoire CNIEL des Habitudes Alimentaires (ou Ocha). Pour elle, « les attentes sociétales sont plus des questions que des accusations » ; question de sensibilité donc. A nous éleveurs de nous en convaincre pour mieux communiquer sans peurs avec des consommateurs qui ne demandent qu’à être convaincus. Ce nouveau numéro de Capr’Infos propose de partager un état des lieux des attentes de la société sous forme de différentes enquêtes. Il doit déjà nous permettre d’en discuter entre nous et d’affuter nos explications sur nos pratiques voire les faire évoluer si
nécessaire. Mais n’oublions jamais d’exprimer la nécessité de penser également au bien-être de l’éleveur !

Bonne lecture à tous !
Cyril BALLAND